« Flash spécial ! Un éboulement à eu lieu à Jotho, il semblerait que le mont argenté se soit totalement écroulé à cause d'une avalanche. Fort heureusement, le centre pokémon est intacte mais le sommet semble s'être totalement rabattu, et nous avons trouvé ce matin-même des vêtements qui ont de fortes chances d'appartenir à Red, notre ancien maître de ligue s'étant exilé il y a maintenant cinq ans. Nous attendons des nouvelles, néanmoins, il est presque certain que celui-ci soit décédé suite à la catastrophe naturelle. »

 

En entendant ces mots, Green ne put s'empêcher de défaillir, s'asseyant. Red, mort ? Ces mots semblaient tellement irréels, tellement antithétiques que de les assembler leur donnait un air encore plus improbable. Red ne pouvait pas mourir, pas lui ! Il avait beau le haïr pour lui avoir tout prit, il savait plus que quiconque que ça ne se pouvait pas. Depuis qu'ils étaient enfants, ils avaient toujours été très proches, et de ce fait, il le connaissait mieux que n'importe qui en ce monde, ce qui ne faisait que renforcer ses convictions. Red était fort, l'être le plus fort qu'il connaissait, plus puissant encore que lui-même, il n'avait pas pu mourir, pas comme ça. Il devait y avoir une erreur. Il y avait forcément une erreur.

 

Il entendit des pas pressés, plusieurs personnes couraient dans l'arène de Jiadelle, visiblement en sa direction, mais qu'importe ? Puis il y eut des cris, on l'appelait, et le bruit de plusieurs portes que l'on claque. Et enfin, tout proche, le son distinctif de la porte de sa chambre poussée avant que sa sœur n'entre dans la pièce. Green, malgré le respect qu'il avait pour sa sœur adorée, resta de marbre. Nina le regarda quelques secondes, visiblement inquiète. La pitié qui brillait dans ses yeux le dégoûtait.

-Green...

Pas de réponse, mais en même temps, à quoi s'attendait-elle ?

-Je t'en prie, ne te laisse pas abattre...

Toujours rien, cette-fois-ci, la jeune femme commençait réellement à s’inquiéter.

-Green... Je suis au courant...

Puis une réponse, directe, tranchante, absolument pas le genre à laquelle on s'attend en venant consoler son frère.

-Tais-toi ! Tu ne sais rien, absolument rien, tu m'entends ? Alors laisse-moi tranquille ! Ta pitié et tes beaux sentiments, tu peux te les garder !

Alors il claqua la porte, la laissant en dehors, en dehors de son monde, parce-que personne ne pouvait le comprendre, et que ceux qui lui diraient pouvoir le faire ne seraient que des hypocrites !

Et il crut cela, il le crut jusqu'au plus profond de sa chair, sachant que s'il ne croyait pas à ça, il ne croirait en rien d'autre. C'est pour cela qu'il partit se coucher, sans rien faire ni rien dire de plus, sans se soucier des pleurs et des supplications de sa sœur adorée qui tapait à la porte, sans penser une seconde que si, elle savait effectivement tout ce qu'il y avait à savoir.

 

Tout, sauf le plus important.

Ce que lui-même ne savait pas.

 

 

C'est ainsi que le jeune homme entra dans une phase de léthargie sans précédents. Le comparer à un légume aurait été encore trop gentil par rapport à son comportement. Plus rien ne le faisait réagir, il ne parlait plus du tout, passait ses journées cloîtrées dans sa chambre, et comble de tout, il battait ses adversaires sans la moindre joie, lui qui avait toujours tant aimé gagner. Il ne pouvait rien faire, penser à autre chose lui semblait impensable, surtout à présent que la même question tournait en boucle en lui.

« Qu'est devenu Red ? » L'idée ne voulait plus le quitter, elle avait rapidement germé dans sa tête. S'il n'était pas mort, comment avait-il pu survivre, et où était-il en ce moment ? En l'espace de quelques minutes, à cause d'une malheureuse information, les pensées du jeune homme ne purent en aucun cas se tourner vers un autre sujet. Red, ce nom tournait inlassablement dans sa tête, impossible de l'en faire ressortir. Même après plusieurs heures passées à tenter vainement de penser à autre chose, Green n'y parvenait pas. A plusieurs reprises, il avait tenté de s'occuper l'esprit, mais c'était tout bonnement la mission la plus difficile de son existence. Ce nom, déjà si fortement incrusté dans sa mémoire, revenait sans cesse le titiller même dans ses rêves les plus profonds, si bien qu'il n'était pas rare que le jeune homme aux cheveux ébènes ne devienne le sujet principal de ses songes... que ce soit un cauchemar ou un rêve. Car en effet, Red peuplait ses rêves... parfois de façons bien étranges, mais ça ne l’étonnait pas le moins du monde, après tout, ce n'était pas comme si ça ne lui était pas arrivé avant... Sauf que là, ça le frustrait vraiment !

Mettez-vous un peu à sa place, il le détestait ! Le dresseur était la seule personne à l'avoir autant ridiculisé au cours de sa vie. De nombreuses fois, il l'avait humilié sans vraiment le vouloir, lui faisant totalement perdre la face. Il lui suffisait d'accomplir un exploit pour que Red fasse mieux que lui, lui volant peu à peu tout ce qu'il avait... jusqu'à son titre de maître de ligue qu'il avait mit tant de temps à obtenir. Il le haïssait, ô oui il le haïssait, pourtant, il ne pouvait s'empêcher de penser à lui.

Ce calvaire lui parut durer des heures, des jours mêmes, jusqu'au moment où...

 

« Nous avons eu des nouvelles qui nous viennent tout droit du mont argenté, ou plutôt de ce qu'il en reste. Nos chercheurs ont trouvé une crevasse qui pourrait bien être l'endroit où Red a rendu son dernier souffle. En effet, plusieurs de ses affaires ont été trouvées près de cet endroit, dissimulées dans la neige. Aucun Pokemon ne semble vouloir aller vérifier et il est impossible d'y accéder, nous ne pouvons donc pas le confirmer, néanmoins, il y a 99 % de chances pour que notre ancien maître Pokemon ait rendu l'âme dans ce gouffre. Nos condoléances à la famille et aux proches. »

 

Cette-fois-ci, Green ne prit même pas la peine de s'asseoir, il tomba directement à terre, rendant le peu de nourriture qu'il avait ingurgité au sol. Impossible. Il ne pouvait pas l'accepter. Une mort aussi minable aurait été indigne de lui, la seule personne étant parvenue à le vaincre ! Rien que d'imaginer son rival congelé, ses deux pupilles rouges si mystérieuses figées à jamais dans la même inexpression qu'autrefois lui donnait la nausée. Une vie où Red n'existait pas n'était pas une vie, tout bonnement parce-qu'il était le seul à pouvoir le faire sortir de ses gonds.

Le seul qui le rendait fou.

 

C'est pour ceci que, sans le moindre doute, il se releva avec difficulté, se contentant de prendre une veste, une écharpe, son équipe pokemon et de s'en aller sans se retourner. Tout simplement parce-qu'il ne pouvait pas rester sans rien faire après avoir entendu de telles hypocrisies.

Et c'est ainsi que le champion de Jadielle déserta son arène.

 

 

« Bonjour chers téléspectateurs. Nous n'avons toujours aucune nouvelle de Red. En revanche, un autre drame est arrivé ce matin. En effet, Green Oak, actuellement champion de Jadielle ayant anciennement occupé le poste de maître de ligue à disparu ce matin. A croire que le malheur s'abat sur nos anciens maîtres ces derniers temps.Plus plus d'informations, rejoignez-nous sur notre site www... »

 

Nina éteignit le téléviseur, encore sous le choc. Green avait prit la fuite, elle en était certaine. Ou plus exactement, il était parti à sa recherche. C'était à prévoir, la relation qu'il entretenait avec luiavait toujours été malsaine, mais de là à s'en aller sans la prévenir... Se rendait-il seulement compte des risques qu'il encourait en se rendant dans un tel endroit ? Et s'il était réellement mort, quelle serait sa réaction ? La jeune femme le savait parfaitement : il en serait dévasté. Depuis toujours, il l'avait toujours rendu différent, il suffisait que l'on parle de lui pour que son frère chéri devienne différent, et elle savait d'avance que jamais il ne s'en remettrait s'il venait à perdre la vie. Nina s'écroula, versant des larmes silencieuses. Maintenant, il ne lui restait plus qu'à attendre en espérant qu'il ressorte indemne de cette aventure post-mortelle.

 

 

Le Mammochon sauvage tomba à ses pieds dans un bruit sourd de résignation, il était K.O.Essoufflé, le jeune homme haleta quelques secondes avant de rappeler son Pokémon en action. C'était qu'ils étaient vraiment costauds, les monstres du mont argenté. Ça faisait bien longtemps qu'il n'avait pas mené de combat aussi intense que celui-ci, des créatures aussi puissantes ne devraient pas exister, en principe.

Pourtant, il les avait toutes vaincu.

Une par une, chaque créature qui s'était présenté devant lui, il les avait toutes écrasé, n'ayant pas d'autre choix pour survivre.

Quelquefois, il arrivait que ses Pokémon soient tellement épuisés qu'il se voyait obligé de se rendre au centre de soins situé au pied de ce mont, ralentissant considérablement ses recherches. Fort heureusement, ceci ne lui était arrivé que trois fois en un moins, ce qui signifiait qu'il savait parfaitement gérer son équipe. En même temps, il n'avait pas trop le choix.

Un mois, c'est terriblement long, surtout quand on est à la recherche de quelqu'un dont on ignore s'il est vivant.

Plus les jours passaient, plus ses chances de le retrouver sain et sauf s'amoindrissaient, plus le désespoir le gagnait. Au bout de quatre semaines, il commençait à se rendre à l'évidence : Red était probablement mort.

Pourtant, quelque chose le retenait dans cette zone pourtant si dangereuse, une sorte de force interne qui lui intimait de rester. Il se sentait chez lui, ici, bien plus qu'à Jadielle où qu'à n'importe quel endroit où il avait pu aller.

Il ne savait trop pourquoi, il avait l'intime conviction que sa place était ici, dans cette zone mortelle où ça caillait tant la température approchait les moins quarante degrés. C'est pour cette raison qu'il était resté malgré le désespoir qui s'insinuait en lui.

 

S'aventurer dans ce territoire était la meilleure façon de risquer sa vie, pas seulement à cause des pokémon aux niveaux extraordinaires qui y vivaient, mais également parce-que la neige ne quittait jamais cet endroit. Chaque pas était toujours plus laborieux, la température était si basse que quiconque s'y aventurait n'était même plus capable de grincer des dents. Le mont argenté, l'endroit le plus dangereux au monde. Le seul lieux sur terre où Green ne sentait à sa place.

Alors il continuait sa marche solitaire, perdu, triste, sans se soucier du reste, sans se rendre compte que ses pieds s'enfonçaient de plus en plus dans la chantilly glacée sans chercher à garder l'équilibre.

C'est ainsi qu'il tomba.

La neige lui brûla le visage tant la sensation était glacée, il avait si froid... et il n'avait aucune idée d'où il était, ni s'il reverrait un jour l'homme qu'il était venu chercher. Sans tenter de se relever, il se mit à pleurer. De frustration, de rage, ou de tristesse, il ne savait plus trop ce qu'il ressentait. Depuis plusieurs semaines, ses émotions étaient devenues floues, tellement que lui-même doutait de ses sentiments. Haine ? Colère ? Jalousie ? Inquiétude ? Peur ? Il ne savait pas, mais tout cela l'effrayait. Alors les larmes coulèrent d'avantage, parce-que c'était tout ce qui lui restait.L'admiration de son grand père, Rattabac, son titre de maître, et maintenant le responsable de ses pertes. Il avait tout perdu. Tout. Il avait froid, si froid... Et puis il était fatigué, tellement fatigué...

Le corps encore secoué de spasmes et les yeux rougis, il ferma les yeux, se laissant entraîner dans un monde qu'il espérait meilleur...

 

 

Le sceau d'eau glacée qu'il se prit en pleine tête lui fit comprendre qu'il n'était pas au paradis.

La première réaction de Green fut de grogner, ou du moins de tenter de grogner... mais sa gorge était étonnement enrouée, ce fut donc un concert de raclements qui se fit entendre à la place. Un rire moqueur lui répondit, puis on lui tendit un verre, le jeune homme ne le sentit plus qu'il ne le vit, ses yeux étaient tellement gonflés qu'il avait du mal à les ouvrir, et sa tête lui faisait un mal de chien.

Il but le breuvage en silence.

-Merci... Fit-il d'une voix déjà beaucoup moins éraillée tout en tendant l'objet à la personne qu'il identifiait comme était son sauveur.

Le silence lui répondit.

Green tenta de se relever... en vain. Il glissait à chaque fois sur le sol de glace, il dut s'aider de la paroi de la sorte de grotte dans laquelle il était attéri pour y parvenir après maintes reprises.

Aussitôt, il se cogna durement au plafond.

-Aïe !

Le champion d’arène s'attendait à quelques paroles d'avertissement, ou au moins à une autre moquerie, mais ce fut une fois de plus le calme plat, pas le moindre son ne sortait de la bouche de son bon samaritain dont il sentait pourtant la présence à quelques pas de lui... étrange...

Qui était ce mystérieux inconnu ? Green jubilait de l'apprendre, c'est probablement pour ceci qu'il usa d'un effort surhumain pour entrouvrir ses paupières rougies par les larmes et la neige, ce qu'il vit lui coupa le souffle.

Vous l'aurez deviné. Devant lui, vêtu d'un simple T-shit rouge, de sa casquette et de ses mitaineshabituelles, ses cheveux ébènes en bataille, ses deux iris rouge rubis les transperçant, le même air suffisant sur son visage de poupée, se trouvait Red.

Le jeune homme secoua la tête, il y avait peu de chances que ça soit vrai, c'était probablement un délire de son esprit comme il en avait eu tant d'autres ses dernières semaines. Pourtant, l'image de son vieux rival persistant, immuable, réelle. Au bout de plusieurs minutes, Green se résigna.

Non, ça ne peut pas être...

Pour savoir s'il avait tord ou raison, il tendit la main, le contact du tissu le fit sursauter.

Red se tenait là, devant lui, et il était vivant !

Des dizaines de pensées contradictoires le submergèrent, et sans connaître la raison de son action,il l'embrassa.

Un geste brusque, bestial, qu'il ne s'expliquait pas.

Un geste qui le surprit autant qu'il l'effraya, tant il lui fit prendre conscience que ça faisait des années qu'il en mourrait d'envie.

La sensation était délicieuse, une sorte de brûlure amicale qui venait lui embraser le bas-ventre. Le goût de Red était si spécial qu'il n'aurait su le définir, il était spécial, unique, exactement comme ce baiser qu'il prolongea le plus longtemps possible, redoutant sa réaction une fois le lien coupé.

Une fois leurs visages séparés, le petit fils du professeur Chen observa avec attention les expressions du visage de son vis-à-vis.

Il semblait surprit.

Lui aussi.

Ses pupilles rouges plongèrent dans les siennes d'un vert émeraudes avec insistance, cherchant à déceler un quelconque indice qui aurait put justifier son comportement, de la moquerie par exemple... Bien évidemment, il n'y trouva rien d'autre que son propre reflet, et les larmes qui reprenaient peu à peu place dans tes yeux.

-Enfoiré, pourquoi t'es parti. Je te hais. Si tu savais comme je te hais !

Pas de réponse, seulement le bruit du vent qui s'engouffrait à l'intérieur de la grotte.

Sans comprendre la raison, l'irritation de Green continua à augmenter.

-Connard ! T'es qu'un bâtard ! Comment t'as pus, hein ?! Comment t'as pus me faire ça à moi ?! Et à ta mère, tu y à pensé à ta mère ?! Je te signales qu'elle se fait un sang d'encre par ta putain de faute ! Salopard d’égoïste ! Je te hais !

Le jeune homme dut s'interrompre pour respirer et pour sécher les larmes qui coulaient abondamment sur ses joues rougies par la colère et le froid.

-Pourquoi t'es pas rentré, explique moi ?! Tu sais pourtant bien que tout le monde te croit mort ?! Tu trouves ça amusant de les faire mijoter comme ça ?! Tu m'énerves ! T'en fais qu'à ta tête ! Le monde entier est en deuil et toi tu restes cloîtré dans ta fichue grotte avec tes fichues pokemon ! Je te hais ! Je te hais... tellement...

Puis les sanglots redoublèrent, tellement qu'il dut cesser de parler, s'écroulant dans les bras de l'homme qui l'avait fait le plus souffrir, honteux de lui montrer une telle preuve de faiblesse alors que celui-ci se contentait de le tenir.

-Je te... hais... Tu n'es... qu'un... bâtard... Vas te faire... foutre ...Avec ton équipe... d-débile.

-Mon équipe à été brisée.

Green ne sut pas exactement pourquoi il se redressa si soudainement, se cognant à nouveau. Peut-être à cause du sens des paroles de son ancien meilleur ami, ou alors tout simplement parce-que c'était la première fois qu'il lui adressait la parole depuis son réveil.

-Comment ?

-Tu te souviens, un jour, tu m'as demandé si je savais ce que c'était que de voir mourir un pokemon ? A l'époque, je l'ignorais totalement, je n'envisageais même pas le fait qu'ils puissent mourir. Mais maintenant, je le sais …

-Qui ça ?! C'est Pika, c'est ça ?! C'est pour ça qu'il est pas avec toi ?!

La panique s'insinua en lui, Pikachu était malgré lui une bestiole attachante, et ne pas l'entendre le rendait nerveux.

A son grand soulagement, Red fit non de la tête, désignant une couverture dont une boule de poiles jaune dépassait, celle-ci se soulevait à un rythme régulier. Son compagnon était donc seulement entrain de dormir, ce qui signifiait que...

-Qui ? Et comment ?

Quelques secondes silencieuses s'écroulèrent, tellement lourdes que le jeune homme crut que son rival ne l'avait pas entendu. Il comprit en réalité qu'il pesait le pour et le contre lorsque celui-ci répondit :

-C'est Tortank, il s'est sacrifié en voulant nous protéger de l'avalanche...

Green eut un pincement au cœur en voyant la pointe de tristesse dans ses pupilles sanglantes, il savait ce que c'était d'avoir perdu un Pokemon, il était le plus à-même à comprendre sa tristesse.

-Je vois... Mes condo...

Le dresseur se stoppa net en remarquant les larmes qui brillaient dans les yeux de son vis-à-vis qui menaçaient de couler d'un instant à l'autre. Puis arriva une chose hors du commun, un événement que Green n'aurait jamais crut possible. L'ancien maître de ligue se mit à pleurer, devant lui, des réelles gouttes de tristesse inondant ses pupilles.

-C'est de ma faute, il s'est sacrifié pour moi parce-que j'étais trop faible pour me protéger moi et mon équipe de moi-même, je me sens si minable !

Second pincement au cœur, le fait que son plus grand rival ait le moral aussi bas aurait pourtant dut le réjouir, mais c'était tout le contraire qui se produisait en lui. Aussi étrange que cela puisse paraître, la tristesse de Red était devenue sienne, comme si leurs émotions étaient connectées. Comme s'ils étaient assez proches pour que leurs cœurs battent à l'unisson.

Un troisième pincement au cœur décida Green sur la réaction à avoir. Le consoler. C'était son unique souhait. Voilà pourquoi il franchit une seconde fois la distance entre leurs deux bouches.

Le contact se fit en douceur, la chasteté du baiser l'étonna lui-même, Red étouffa ses sanglots dans sa bouche et les larmes se mêlèrent à son goût si unique. C'était doux, gentil, une parfaite antithèse du comportement qu'il avait toujours eu avec son ami d'enfance, et étonnement, il aimait cela. Ce baiser était comme une trêve qu'il lui offrait, un instant d'éternité durant lequel il n'était plus Green, l'ancien maître de ligue, le raté qui avait tout perdu et où il n'était plus Red, l'ancien maître de ligue, le salaud qui lui avait tout prit. C'était tellement meilleur que tout ce qu'ils avaient connu à ce jour.

Meilleur encore que les combats.

Au moment où Green rompit le contact, ses mains gantée se dirigèrent d'elles mêmes sur celles de son rival posées sur ses joues, qu'il saisit comme si sa vie en dépendait, pour ne pas qu'il s'écarte, pour ne pas qu'il ne brise le contact et par conséquent cet instant de calme où rien ne semblait plus avoir d'importance.

Le jeune homme sembla le comprendre et ne fit rien pour se défaire de cette douce étreinte, au lieu de cela, il se contenta de demander :

-Pourquoi ?

-Je n'en sais rien...

Le champion d'arène ne mentait pas en disant cela, il n'avait effectivement aucune idée de ce qui le poussait à faire tout ce qu'il avait fait jusqu'ici. Mais tant pis, se disait-il simplement. Car tant qu'il était aux côtés de cet homme qui lui avait tout prit, qu'il détestait tant qu'il ne pouvait plus de passer de son existence, il se fichait pas mal que ses réactions soient rationnelles ou non ; tout ce qui comptait, c'était Red, ça avait toujours été ainsi...

 

 

Nina s'avança sur la sépulture de son frère, se baissant pour y déposer une fleur.

Elle fixa longuement l'inscription mise en évidence au dessus, ces quelques mots qui lui indiquaient de la façon la plus improbable que son frère était toujours en vie, où qu'il soit.

 

«  A nos deux plus jeunes maîtres de ligue, Green et Red, reposez en paix. »

 

Même en connaissance de cause, la mère du jeune homme avait insisté pour que les deux tombes soient mises en une seule malgré la présence à l'intérieur de seulement quelques vêtements. Les corps n'avaient pas été retrouvés, néanmoins, une écharpe appartenant à son frère avait été trouvée sur le mont argenté, en présence de plusieurs gouttes de sang.

Green Oak était mort, pour les médias, cela ne faisait aucun doute, mais pas pour elle. La façon dont la mère de Red se comportait n'avait fait que confirmer ses doutes. Elle était au courant. Red et Green étaient toujours vivants, ensembles.

Et c'était là la seule chose qui comptait à ses yeux.

Tant qu'il était heureux et en bonne santé, ça lui allait.

Parfois, ils leur envoyaient des nouvelles. Une plante rare qu'ils avaient cueillit, une lettre en écorce où étaient écrit seulement quelques mots, un bébé pokemon blessé qu'ils n'étaient pas capable de guérir avec les traitements qu'ils possédaient, tout ce qui pouvait prouver qu'ils étaient bel et bien en vie. Néanmoins, il leur arrivait de rester plusieurs semaines sans nouvelle, et ça faisait aujourd'hui plus d'un mois qu'elle n'avaient rien reçut, les plongeant toutes deux dans un profond désespoir.

Puis une lueur, une étincelle de bonté leur apparut. Roucarnage leur apportait un message.

Un simple morceau d’écorce, dans lequel étaient gravés plusieurs dessins, parmi eux, un sapin, une branche de gui, un cadeau, et au milieu, un unique message.

 

« Joyeux Noël. »

 

Nina se mit alors à pleurer, vite rejointe par la mère de Red qui lui mit une main sur l'épaule, sanglotant :

-On y peut rien, c'est leur destin.

-Je sais... Je sais...

Oui, en effet, elle savait, elle savait absolument tout.

 

 

Green déposa les bûches à l'entrée de la grotte, exténué. Jamais il n'aurait crut avoir un jour à faire une activité aussi éprouvante de façon quotidienne. En quatre mois, ses bras qui paraissaient auparavant frêles étaient devenus de véritables biceps, et s'était la même chose pour tout le reste de son corps, son anatomie entière était devenue une véritable machine à brûler des calories.

-De retour ?

L'ancien champion d'arène sourit, un sourire indescriptible qui pouvait être interprété de différentes manières.

-Ça ne se voit pas ? Demanda-t-il en rentrant dans la grotte.

Un sourire moqueur lui répondit alors qu'il s'approchait du possesseur de ce dit sourire. Silencieux, il vint déposer ses lèvres pécheresses sur les siennes taquines dans un baiser passionné. Une habitude qu'il s'était lui-même imposé, un rituel qu'il était incapable d'arrêter, sauf que maintenant, il savait la raison qui le poussait à répéter ce geste.

-Je t'aime.

-Moi aussi.

Des mots qui semblaient des plus simple à prononcer, mais qui était loin de l'être pour eux dont la relation avait toujours été des plus complexe. Ils en avaient mis, du temps, avant d'arriver à se l'avouer alors que ça crevait les yeux. Plus exactement, ils avaient mis trois mois tant ils étaient têtus, de vraies mulets !

Green s'assit aux côtés de la personne que l'on aurait put appeler son petit ami s'il ne s'agissait pas de Red, se blottissant contre lui dans l'espoir de se réchauffer. Ces dernières semaines, le climat s'était considérablement rabaissé. La neige, aussi, était plus fréquente.

-J'ai demandé à Roucarnage de leur apporter le message, elles devraient l'avoir reçu à l'heure qu'il est.

-Ah... Merci.

Il n'en avait peut-être pas l'air, mais le dresseur lui en était vraiment reconnaissant. Si, au début, il avait été mitigé par l'idée de se faire passer pour mort, il comprenait à présent pourquoi le jeune homme appréciait tant cela. Ainsi, il avait l'impression d'être tranquille, sans aucune responsabilité à tenir ni personne à décevoir. Néanmoins, il était heureux d'avoir pu contacter sa sœur, sans quoi il savait qu'elle aurait été dévastée.

Plusieurs minutes passèrent dans le silence. Green l'aimait bien, ce silence, il était vraiment typique de son rival, comme le calme annonçant la tempête.

-Bon... Ça ne sera pas un yacht de luxe mais je peux toujours te le demander : que souhaites-tu pour noël ?

L'ex maître de ligue le fixa avec ses grands yeux rouges, le faisant fondre.

-N'est-ce pas évident ?

Green détourna le regard, les joues tout aussi rouges que les pupilles de son ami.

-Je... Je ne sais pas, Red. Je ne suis pas sûr d'en être capable. T'avouer mes sentiments à déjà été difficile, je ne suis pas certain de pouvoir de faire. J... J'ai déjà trop souffert auparavant.

-Je ne te demande pas la mort, seulement de me faire l'amour, j'en ai bien de droit.

L'autre soupira

-Oui, effectivement. Mais pas dans cette situation. Tu es encore trop faible mentalement de ta perte de Tortank, j'aurais trop l'impression de profiter de toi. Et puis... Je ne me sens pas prêt. J'ai encore besoin de temps pour avaler la pilule... Tu comprends ? J'ai toujours cru que je détestais. Tu m'as tout prit, de mon titre de maître jusqu'à l'affection de mon grand-père. Et maintenant, je me rends compte que je t'aime, c'est déjà assez difficile à assumer comme ça.

-En aucun cas je ne t'ai demandé d'assumer, ta présence seule me suffit, je n'ai pas besoin que tu passes ta vie à me rouler des pelles ou à me dire combien tu m'aimes pour être heureux. Tu... tu es la seule chose que j'ai à présent, et c'est pour ça que j'ai besoin de ton consentement. Je te veux, c'est tout, pas besoin de justification ni de culpabilité.

Green était éberlué, premièrement parce-que c'était bien la première fois qu'il entendait son ami parler autant, et qu'en plus le contenu était vraiment... inattendu.

Red s'approcha de lui, déposant un baiser sur son front avant de reprendre :

-Je t'aime, c'est tout ce qui compte . Alors fais-moi l'amour, c'est le seul cadeau que je désire.

Et là, les réticences du jeune homme s'envolèrent en même temps que les papillons dans son bas-ventre. Red avait raison. Ils s'aimaient... alors à quoi bon attendre ?

Le noiraud se scella leurs lèvres, se laissant entraîner par le désir qu'il avait si longtemps retenu. Leurs langues se cherchèrent avec délice tandis que les mains de Red s'aventuraient dans une zone encore inexplorée, passant et repassant avec délectation sur les zones sensibles de son amant qui gémissait, se laissant complètement aller par le plaisir qui lui dictait de profiter de chaque caresse que le jeune homme lui offrait.

Puis l'assurance resurgit en lui, le faisant se rendre compte qu'il était le seul à profiter de cet instant d'intimité, ce qui le contraria. Il voulait bien le faire, mais à une seule condition : qu'ils soient deux à ressentir du plaisir. Il ne voulait surtout pas que l'ancien maître sacrifie sa première fois avec lui uniquement pour le détendre.

C'est donc les sourcils froncés dans une expression suspicieuse qu'il saisit en vol les mains gantées qui étaient à deux doigts de s'aventurer dans son pantalon, seul un rictus moquer lui répondit, auquel Green répondit lui-même par un sourire assuré. Sa bouche se referma lentement sur les doigts de son partenaire, les suçant avec avidité avant de retirer ses mitaines de la même manière. Red était tellement subjugué par ce spectacle qu'il en profita pour glisser une main baladeuse à un endroit plus que sensible.

-Ha !

L'onomatopée était sortie toute seul, le jeune homme n'avait sut la retenir en sentant des doigts froids venir taquiner son entrejambe, un pur délice. Son amant sourit à nouveau, c'était étrange de voir Red aussi soumis, mais ça n'était pas pour lui déplaire. L'entendre gémir alors qu'il exerçait des mouvements de pompage sur sa verge déjà tendue ne pouvait que l'excité, et il le ressentait bien au niveau de son pénis qui enflait considérablement à chaque nouveau cris de son rival de toujours.

Au moment où Red se libéra dans sa main, il se sentit lui-même au bord de la jouissance. Pour oublier à quel point ce mec le rendait fou, il remonta sa main le long de son abdomen, jouant avec ses tétons, cherchant à les faire durcir en même temps que son anatomie durcissait à nouveau sous ses tendres caresses. Apparemment, c'en fut trop pour lui.

Le désir était trop intense, le jeune homme aux cheveux ébènes le sentait s'attaquer à lui de toutes part, c'était une torture pure et simple que son partenaire lui imposait, une torture qui eut raison de lui. De lui-même, il retira son pantalon et son T-shirt sous les yeux éberlués de Green qui le dévorait du regard, faisant de même avec ses vêtements, prenant le temps de passer ses mains sur le torse tonique qui s'offrait à lui avant d'entreprendre de défaire la ceinture qui lui barrait la route. Il grimaça en remarquant l'état de son entrejambe, rougie et inondée de pré-sperme, il était vraiment à deux doigts d'exploser.

Une initiative fort tentante traversa l'esprit de Red, qui mit immédiatement son idée en pratique, ne pouvant plus attendre tant le désir était immense. Sans que son amant n'ait le temps de réagir, il se lubrifia les doigts et en introduit deux dans son anus, hurlant face à la douleur.

-Idiot ! Arrêtes ça, je vais le faire !

-C'est toi l'idiot, tu ne crois tout de même pas que je vais te laisser foutre tes doigts dans mon trou de balle ? Le défia le noiraud alors que des larmes perlaient sur ses joues rougies.

-Tu refuses pour mes doigts alors que tu acceptes pour ma bite ? T'es un sacré masochiste dis-donc ! Lui répondit-il sèchement.

-Ha !

-Ça va ? S'inquiéta Green.

Les yeux embrumés et la façon dont son vis-à-vis avait si soudainement accéléré ses vas-et-viens lui indiquèrent que oui, ça allait affectivement très bien. Le brun devina sans grande difficulté ce qui le rendait comme ça : sa prostate, il avait dû la trouver et ne pouvait plus s'empêcher de la pilonner. N'empêche, cette vue était plus que bandante ! Et le jeune homme ne tarda pas à ne plus en pouvoir.

Il posa ses mains tremblantes sur la main de son compagnon, celui-ci cessa tout mouvement et le fixa intensément dans l'attente des paroles qui allaient suivre.

-Puis-je ?

Il acquiesça, honteux de s'être laissé aller à cause d'un simple petit morceau de nerf, laissant Green retirer ses doigts et guider son sexe tendu à l'entrée de son intimité.

Au moment où il entra en lui, un cri guttural lui déchira la gorge, partagé entre le bonheur de l'avoir enfin en lui et la douleur que cette intrusion avait orchestré. Néanmoins, le plaisir ne tarda pas à prendre place, envahissant chacun de ses membres engourdis alors que Green fouettait sa prostate dans un râle surpuissant, c'était bon, bon à en perdre la tête.

La neige leur brûlait la peau, leur position assise était pour le moins inconfortable, leurs cris avaient dut indiquer bon nombre de Pokemon sauvages, mais bon, tout cela n'avait après tout aucune importance. Tout ce qui comptait, c'était le bonheur de l'autre, leurs gémissements mutuels alors que le plaisir atteignait son paradoxe, parce-que l'autre était la seule chose qui leur restait.

-Joyeux Noël.

-Joyeux Noël à toi aussi.