Je suis absolu.

Tout le monde le sait.

Je suis l'empereur qui règne en maître sur ses sujets.

De mes yeux hétérocromes, je scrute leur âme à la recherche de la moindre faille, ces âmes qui m'appartiennent dans leur globalité, comme de simples marionnettes à mon service.

Ma devise ? Il est inutile de la répéter.

Pour être tout à fait exacte, j'ai cette capacité de prévoir à l'avance certaines choses, si bien que ce pouvoir qui m'a été conféré m'a permit de devenir très tôt quelqu'un de craint et de reconnu.

Mais ais-je précisé que ce ne sont pas forcément mes objectifs ?

De gagner ou de perdre, toujours être le vainqueur quelque soit la situation, j'y suis déjà habitué, j'ai commencé à exercer une pression sur mes sujets dès mon arrivée en cinquième, et peut-être même bien avant, je suis né dans une famille aisée qui n'a jamais manqué de quoi que ce soit.

Argent, gloire et pouvoir, j'ai déjà tout cela en ma possession.

Alors qu'est-ce qu'il me manque ?

Qu'est-ce que je n'ai pas ?

De quoi ais-je besoin de plus pour me sentir enfin complet ?

La réponse se tient en un mot.

L'amour.

Mais pas n'importe lequel.

L'amour parental dont j'ai si cruellement manqué, ou bien même celui, plus respectueux, de mes camarades, ça m'importe peu, en fin de compte.

Car il n'y a qu'une seule personne dont je désire l'affection.

Si je vous dit géant, gourmand et fainéant, vous voyez de qui je parle ?

Marasakibara Atushi, cet homme qui me rend dingue.

Dès l'instant où mon regard vairon s'est posé sur cet être à la stature immense, gigantesque, et cette chevelure violette provocatrice, il m'a capturé, happé. Et j'ai eu l'impression qu'il me retirait mes yeux de mes orbites, et que je ne pourrais à jamais ne plus que regarder que lui ; lui, et personne d'autre.

Cependant, il n'y a pas que les mots « monstrueux », «  accro au sucre » et « lent » qui le désignent.

Mais un qui me posa bien plus de soucis.

Passif, totalement, sérieusement, irrémédiablement passif. Cet homme se fiche de tout, de partout. Que ce soit en cours ou bien dans le basket qui est notre activité commune, il semble si laxiste, si emprunt d'un manque conséquent de motivation que ça en devient effrayant.

Car qu'est-ce que je peux bien faire, moi qui le désire plus que tout, contre cette passivité à toute épreuve ?

Qu'il ne résiste pas à mes ordres, certes, mais qu'il ait l'air totalement je-m'en-foutiste devant mes assauts de séduction, ah ça non !

C'est bien la première fois que quelqu'un me résiste, et je compte bien l'obtenir quoiqu'il en compte.

Lui qui m'a littéralement envoûté malgré ses multiples défauts, m'a laissé telle une poupée désarticulée, incapable d'agir autrement que pour sa propre personne, et ce sans même s'en rendre compte.

Je crois bien que je suis amoureux.