• Sunny darkness

    Genres : Lime/ Romance/ Amitié
     
    Orientation sexuelle : Yaoi 
     
    Rating : 16+
     
    Couple : One-sided  Aomine x Sakurai, One-sided Kasamatsu x Kise, Aomine x Kise
     
    Résumé : Persuadés qu'ils ne pourraient pas atteindre la personne qui fait battre leur cœur, ils sont avec un autre, substituent le semblant de bonheur qu'ils voudraient trouver ; mais cette situation est beaucoup trop douloureuse pour chacun d'entre eux. Et vient un jour où l'illusion se brise.
     
    Mon blabla : Allons ensembles explorer mon second two-shot, présenté avec mon couple préféré de Kuroko no basket.
     
     
     

    Partie 1

    Sentiments mensongers.

    Aomine en avait plus qu'assez de mentir.

    Et pourtant il continuait, inlassablement.

    L'as de Touou mordilla doucement le cou de son vis-à-vis en imprimant un rythme de coups de reins un peu plus soutenu, allant et venant toujours plus loin à l'intérieur de son corps alors que celui-ci s'excusait de mille façons.

    Mais s'il avait été honnête, ça aurait été à lui de s'excuser.

    Lui demander pardon de simplement se servir de lui, de ne jamais pouvoir lui retourner ses sentiments d'une intensité rare.

    Tout ça parce-qu'il aimait quelqu'un d'autre.

    Daiki se maudit en prenant ses tétons entre ses dents haletant alors que c'était la peau d'une autre personne qu'il s’imaginait entrain de sucer, de toucher, de posséder tout entière, alors qu'il le savait bien. Jamais il ne l'aurait. C'était peine perdue, et ce depuis leur toute première rencontre.

    A l'époque, il ne s'était jamais imaginé qu'ils finiraient par sympathiser, ce mini soleil qui souriait tout le temps à tout le monde sans pour autant être entièrement honnête, toujours entouré de midinettes, il était loin de se douter que c'était cette personne qui deviendrait plus tard un l'un des piliers de Teiko.

    Le pilier de son cœur.

    C'était ridicule, il le savait, mais son cœur saignait de ne pas pour l'obtenir, lui qui n'était certes pas à son niveau mais suffisamment fort pour lui tenir tête ne serais-ce qu'un minimum, il l'avait tout de suite aimé, par delà les apparences, il avait vu sa façon d'être, et il en avait été envoûté.

    Même si c'était pour mieux le briser.

    Sur cette pensée, le brun resserra les jambes de son amant un peu plus, son corps collé au sien, son souffle chaud contre son oreille, et Daiki ferma les yeux en imaginant que c'était lui qui lui donnait un tel plaisir, un plaisir si douloureux de savoir qu'en réalité, c'était un autre avec qui il était entrain de s'unir.

    - Excuses-moi de ne pas être lui.

    Ses paroles lui foudroyèrent le corps, lui envoyant des décharges de douleur de partout alors qu'il ouvrait brusquement les yeux, tombant sur les pupilles navrées, quoique tristes de son camarade de baise. Des yeux qui lui rappelaient tant à quel point il était un salaud de lui faire subir ça, alors que lui, il l'aimait.

    C'était lui qui était désolé.

    Le power forward planta ses yeux aux reflets bleus dans ceux de son partenaire, essayant de lui faire passer ce message par télépathie, de le rassurer de quelque façon qui soit, de lui faire comprendre qu'il n'avait pas à s'excuser, et ce même s'il aurait ô combien voulu qu'il soit lui.

    Puis, tendrement, il prit ses joues pleines entre ses grandes mains avant de venir poser ses lèvres contre les siennes, un baiser somme toute hypocrite, mais qui étonnement le soulageait d'un poids.

    Il embrassait Sakurai, son équipier de basket, son camarade de classe, son amant occasionnel, son fournisseur personnel de bento. Et celui-ci se laissait gentiment faire, content de pouvoir partager cet échange avec celui qu'il aimait, conscient que quoiqu'il fasse, il ne serait jamais plus qu'un substitut.

    Le substitut de Kise.

    C'était malheureux, médiocre, accablant, lamentable, cruel, et un milliard d'autres adjectifs péjoratifs, mais c'était la vie, la vie véritable, celle qui tue des êtres humains chaque jour, celle qui faisait qu'une femme se fasse battre par son mari, celle où des enfants travaillent quinze heures par jour, la vie qui était loin d'être un compte de fées.

    Bienvenue dans l'enfer d'Aomine Daiki.

    Comment en était-il arrivé là, au juste ?

    L'as le savait, il connaissait parfaitement la réponse, et le jeune homme brun devait aussi s'en douter, mais il la trouvait tellement idiote qu'il refusait de l'énoncer à voix haute. Tout ça à cause de malheureuses statistiques, celles qui prouvaient qu'une chose aussi absurde avait si peu de chance de se réaliser. Et pourtant c'était arrivé.

    Leurs prénoms se ressemblaient.

    Ryo.

    Ryota.

    Il ne manquait qu'une seule voyelle, celle qui avait causé sa descente en enfer le jour de la rentrée, alors qu'il n'avait pas pris le temps d'entendre le reste de l'appel qu'il s'était brusquement levé de sa chaise, le cœur battant et criant «  Kise ! Enfoiré ! », provoquant l'hilarité générale.

    Sauf que ça n'était pas Kise.

    Un petit brun peureux, qui ne faisait que s'excuser, tout le temps. Aomine reconnut son blond dans les larmes de crocodile de son nouveau partenaire de basket, qui était plutôt doué d'ailleurs, pour un type normal.

    Mais il était une pâle copie de l'original.

    Et ça, il avait beau essayer de l'oublier de toutes ses forces, ça lui faisait quand même infiniment mal.

    Aomine accéléra la cadence, ayant comme l'impression familière qu'une main d'acier s'était saisie de son cœur et qu'elle le broyait impitoyablement, d'une lente et sanguinaire cruauté.

    Il avait mal.

    C'était donc ça ce que les filles de sa classe appelaient « l'amour » avec tant d'étoiles dans les yeux ?

    Et bien elles devaient être masochistes pour aimer souffrir à ce point là !

    Le cœur alourdi, le lycéen termina sa besogne, se retirant le plus délicatement possible de son camarade qui le regardait si amoureusement qu'il en eut un haut le cœur.

    Lui aussi, il devait beaucoup aimer souffrir pour continuer à l'aimer malgré tout.

    Monde de masochistes !

    Mais Daiki le savait, Sakurai n'avait pas choisi ses sentiments pour lui, sinon, lui aussi aurait put choisir ce qu'il aurait ressenti pour Kise, et rien de tout cela n'aurait eut lieu.

    S'il avait eu le choix, Aomine aurait choisi une jolie jeune fille – de préférence avec des gros seins – plutôt qu'un gars comme le blond, que jamais il ne pourrait atteindre.

    Ryo trembla lorsqu'il l'aida à se rhabiller, conscient qu'il avait abusé de sa gentillesse bien trop longtemps et qu'il lui faudrait un moment pour arriver à marcher de nouveau normalement.

    Heureusement qu'il n'y avait pas entraînement le lendemain.

    De toute façon, rien n'était dit qu'il y serait allé, à l’entraînement.

    Et pourtant...

    Et pourtant, il y avait un mois à peine il avait bien failli perdre.

    Contre Kise.

    Le jeune homme arrivait encore à se souvenir avec exactitude de la rage dans les mouvements du blond, de la façon extraordinaire avec laquelle il avait copié son style, et à quel point il s'était senti troublé par une telle marque d'ambition venant d'un mec qui avait toujours perdu contre lui.

    Bien sur, il avait fini par le gagner, ce match, mais ça s'était joué à rien. Il aurait fallu un peu plus, un rien et Ryota aurait pu...

    Non.

    Le seul à pouvoir le battre, c'était lui, et ça ne changerait pas de sitôt.

    Le joueur de Kaijo lui avait déjà volé son cœur, il ne lui volerait pas sa victoire.

    Jamais il ne le permettrait.

    Aomine était tellement perdu dans ses pensées qu'il vit à peine son ami brun s'excuser avant de sortir des vestiaires du gymnase et lui fit un discret signe de main.

    Quelle heure était-il, au fait ?

    L'as jeta un œil à l'horloge murale et découvrit avec stupeur qu'il était déjà près de dix neuf heure .

    - Chiasse!

    Le jeune homme se leva, mais il était à nouveau perdu dans ses pensées.

    Dans quelques jours aurait lieu le match contre Testu et l'autre imbécile de ricain, il espérait qu'avec un peu de chance, il pourrait croiser Kise à ce moment là.

    Mécaniquement, il enfila ses vêtements échoués dans la pièce, perdus entre les casiers.

    Le voir pour quoi, au juste ? A quoi bon remuer le couteau encore plus profondément dans la plaie ? Autant y jeter du sel tant qu'il y était !

    Sans s'en rendre réellement compte, le brun traversa la pièce jusqu'à son casier, se cognant le genou contre un des bancs. Après un juron bien senti à l'intention du pauvre meuble qui n'y était pour rien, il ouvrit la partie des casiers qui lui était destinée.

    Mais en même temps, il ne pouvait pas s'empêcher de le voir, ça lui était vital. Déjà lorsqu'il avait attendu leur affrontement au début de l'année, il avait été tellement frustré que le pauvre Sakurai avait prit cher, il ne voulait pas que ça recommence. Daiki avait déjà accepté le fait qu'il ne pourrait plus vivre sans le voir, lui parler, l'entendre, et les textos qu'ils s’échangeaient de temps à autres ne lui suffisaient plus.

    Depuis la fin du collège, une sorte de mur invisible les avait séparé, et il en souffrait suffisamment comme ça sans en rajouter d'avantage.

    Donc il avait reconnu l'évidence.

    Kise était sa seconde drogue après le basket.

    Il avait besoin de sa dose.

    Point.

    Même si ça signifiait devoir recourir à un remplaçant, prendre parfois de la cocaïne à la place de sa dose d'héroïne, même si cette situation le rongeait, il était accro, et il n'y pouvait rien.

    Il s'était depuis longtemps résolu à cette solution, se contentant de le voir dès qu'il pouvait le voir, de lui voler tous les instants de son existence possible tout en sachant que jamais ses sentiments ne puissent être retournés.

    Aomine l'avait comprit, accordé depuis bien longtemps, tant qu'il pouvait rester près de lui. En bon ami, ou en ennemi, peu importait tant qu'il le regardait, et que lui se rendait compte qu'en faisant ça, il se détruisait à petit feu, parce-que ça le frustrait, et qu'il faisait souffrir d'autres personnes, à cause de ça.

    Comme Sakurai.

    Le lycéen se mit une baffe mentale en se disant qu'il était vraiment trop con d'aggraver ainsi sa douleur et ses remords, et mit une main volontaire dans son casier en bordel, à la recherche de ses clefs. Du bout des doigts il tâta quelque chose de lisse, de fin. Une feuille.

    C'était étrange, ça, tiens...

    Incrédule, le joueur de basket prit le morceau de papier plié entre ses doigts, et le déplia. Une première feuille tomba à ses pieds, tandis que l'autre resta entre ses mains, c'était une lettre. Aomine y reconnut l'écriture de son camarade, Sakurai, en même temps, ça n'était pas bien difficile de deviner qui c'était, vu la première phrase.

     

    «  Je suis désolé!!! »

     

    L’adolescent soupira, déjà irrité, et commença à lire, et ce même si ça lui crevait les yeux de devoir le faire en dehors des cours.

     

    «  Avant toute chose, j'aimerais te dire une fois de plus que je t'aime, Aomine-san, de toutes mes forces, je te l'ai déjà dit et prouvé à de maintes reprises, alors comprends mon geste et ne me frappes pas, s'il-te-plait. Cette lettre qui est avec la mienne, c'est Kasamatsu-senpai qui me l'a donné quelques jours après notre match contre Kaijo, en me disant de te la refiler. Je sais, tu vas te dire que c'est étrange que je ne l'ai pas fait, mais tu comprendras mieux en lisant la lettre. Celle que je t'ai volé car je ne voulais pas que tu la lises. A présent, je me rends compte que c'était une erreur de vouloir la garder. Tu finiras de toute façon par connaître la vérité tôt ou tard. Je t'aime, et je ne suis censé que vouloir ton bonheur, mais cette lettre... elle représente tout ce que j'ai toujours craint, alors je n'ai simplement pas pu m'en empêcher, je l'ai conservée tout ce temps. Mais le poids de la culpabilité est aujourd'hui trop grand, alors je te redonnes ce qui t'appartient de droit en espérant que tu me pardonneras.

    Excuses, moi encore,

    Sakurai »

     

    Aomine n'y comprenait rien, nada, que dalle. Mais il savait en revanche que tout ça avait un rapport étroit avec Kise, assurément. Le fait que son équipier avait énoncé le nom de son capitaine ne pouvait lui laisser aucun doute sur cela.

    Les mains tremblantes, le jeune homme attrapa la feuille tombée au sol et la déplia délicatement, le plus lentement possible comme s'il avait peur de lire ce qui était écrit dessus.

     

    « Salut, ô ta sérénissime altesse ! Tu te souviens de moi ? Non, sûrement pas, toi tu te souviens de personne, sauf de toi-même, abruti. Et bien figures-toi que je suis le faible, le capitaine inutile, celui que tu as passé sans aucune difficulté, sans la moindre gêne, ouais, je suis Kasamatsu Yukio, le senpai de Kise, un impuissant, somme toute. »

     

    Daiki sourit, ô que si il se souvenait de lui. Il pouvait ressentir ses ressentiments dans chacun de ses mots. C'était ce gars qui, en fin de match, alors qu'il avait brisé de lui-même l'essence même de son âme, avait aidé Kise à se relever devant ses yeux faussement indifférents, alors qu'à l'intérieur il bouillonnait de rage, et de jalousie, aussi.

     

    «  Ne te fais pas de bille, je ne t'ennuierait pas avec mes complexes d’infériorité, pas aujourd'hui en tous cas. Tout ce que je veux, c'est te prévenir que si tu fais encore du mal à mon kohai, j'irais trouver ta demeure et te découperais en cubes que je vendrais en faisant passer ta chaire pour des carrés de jambons ! Kise a mal, tu ne peux même pas savoir à quel point, et pourtant il continue à sourire bêtement, à te sourire bêtement, alors que tu es la cause de toutes ses souffrances. »

     

    Comment ça ?

     

    «  Je sais que Ryota est un poltron doublé d'un pleurnichard, mais cette fois c'est bien différent, et je suis incapable de l'aider, alors je te le dit : ne fous pas tout en l'air. J'ai vu comment tu le regardais, à quel point ton mépris était puissant, mais je refuse que tu le détruise pour une simple histoire de domination . N'a-t-il jamais été ton ami ? »

     

    Oh, à ses yeux il avait été bien plus que ça, infiniment. Et il l'était toujours.

     

    «  Tu ne comprendras jamais sa douleur, tu seras peut-être même dégoutté d'apprendre la raison de toute cette admiration, de toutes ces années où il t'a collé aux basques, mais ça ne peut pas continuer ainsi, je ne le permettrais pas. Kise se détruit de jour en jour à cause de toi, tout ça à cause de stupides sentiments. »

     

    Ce fut tout tremblant et les yeux embrumés que Aomine parvint à lire les quelques derniers mots.

     

    « Parce-qu'il t'aime. »

     

    à suivre...

     

    Partie 2

    Un poltron, un pleurnichard, un cancre, un gamin.

    Un menteur.

    Kise était tout cela à la fois, d'après Kasamatsu et tant d'autres personnes.

    Et c'était probablement le cas.

    Un cancre, parce-qu'il ne foutait rien à l'école, même les plus élémentaires des cours semblaient lui poser problèmes, et sa famille se demandait surtout comment il était parvenu jusqu'ici sans redoubler.

    Un gamin, parce-qu'il fallait bien l'avouer, son comportement était puéril, digne d'un élève de primaire, et que ses caprices avaient le don d'énerver la plupart de ses camarades.

    Un poltron, parce-qu'il n'osait pas avouer ses sentiments à la personne qu'il aimait depuis le collège.

    Un pleurnichard, parce-qu'on pouvait l'entendre tous les soirs déprimer devant un film à l'eau de rose à cause de cette histoire, si bien que les litres de larmes qu'il avait déjà versé jusqu'ici auraient largement suffit à remplir la mer méditerranée.

    Un menteur, parce que malgré tout, même si ça se voyait profondément, même si ça lui faisait si mal que son cœur en saignait, pour rien au monde il ne l'aurait avoué. Non, lui, il souriait toujours de façon hypocrite, du même sourire qu'il réservait à ses fans, assurant que tout allait pour le mieux.

    Et ça, c'était ce qui agaçait le plus Kasamatsu.

    Il pouvait accepter le fait que l'homme dont il était amoureux en aime un autre, il pouvait accepter le fait que ce même amour soit à sens unique, il pouvait accepter le fait que le mec dont Kise s'était épris soit le plus grand connard que l'humanité ait connue, mais jamais il ne pourrait accepter de le voir souffrir par sa faute, que cet homme le fasse intentionnellement ou pas.

    Même après un mois que leur équiper avaient affrontés Touhou, la blessure semblait toujours être aussi grande dans le cœur du jeune homme, et son sempai avait l'impression qu'il pouvait voir directement le sang s'écouler de la plaie béante, entendre toutes ses pensées qui faisaient du talentueux mannequin Kise Ryota un être sans joie de vivre, et ce, depuis un mois.

    Il avait beau leur assurer le contraire, il avait beau sourire d'une façon toute aussi débile qu'auparavant, ça ne prenait pas avec lui. Kasamatsu pouvait bien voir l'arrière goût amer dans ses sourires, l'humidité de ses yeux lorsqu'il articulait «  Tout va bien », alors que non, tout ne va pas bien, le copieur était la personne qu'il aimait, après tout. Kise Ryota n'avait plus aucun secret pour lui.

    Il le connaissait par cœur.

    Et c'était sûrement ça ce qui lui faisait le plus mal.

    Le fait d'aimer quelqu'un, vraiment, de l'aimer tellement que ça en devient douloureux, et de savoir parfaitement que cette personne vous est inaccessible.

    Tout ça parce qu'elle aime quelqu'un d'autre.

    Tout ça, le capitaine le savait parfaitement, il savait que quoiqu'il fasse, peu importe ses efforts, il ne pourrait jamais obtenir le cœur de son amour.

    Car la panthère noir l'avait emprisonnée dans ses griffes dont l’étau se resserrait de jour en jour, implacable.

    Et le brun pouvait deviner sans peine que, dans cette histoire, c'était sans aucun doute Kise qui avait le plus mal.

    Kise, toujours gentil, toujours sincère, avec son sourire éclatant, ses dents blanches comme les nuages, ses cheveux semblables aux rayons du soleil, ses larmes de crocodile, et surtout : son ambition.

    Quelqu'un comme lui qui avait la capacité innée de copier les capacités des autres, quelqu'un qui n'avait aucun mal à atteindre les objectifs qu'il se fixait ( sauf à l'école ), quelqu'un qui avait fini par être blasé par tout ce qu'il entreprenait, le basket l'avait sauvé, cet homme arrogant l'avait sauvé.

    Et ça, Kasamatsu pouvait parfaitement le comprendre, l'admettre, même.

    En revanche, ce qu'il refusait d'admettre, c'était que son kohai ait mal, tout ça par la faute de ce mec rempli d'orgueil.

    Il ne pouvait pas le supporter.

    Par que Kise souriait, mais qu'au fond de lui, il saignait.

    Le lycéen ne supportait plus de voir ce sourire là.

     

     

    - Kasamatsu-sempai !!!

    Rien qu'à l'entente de ce ton égaillé alors que le blond avait les yeux gonflés lui donna envie de le frapper, le frapper jusqu'à-ce qu'il prenne confiance que cette façade allait finir par le détruire.

    Énervé d'office, le dit «  Kasamatsu-sempai » ignora magistralement son appel et mit le nez dans son casier, faisant mine de chercher quelque chose.

    A l'intérieur, ça puait le moisi et les chaussettes sales, mais le jeune homme s'en fichait bien. Après tout, ils venaient de terminer l’entraînement, et l'odeur de transpiration emplissant la salle était toute aussi nauséabonde que celle de son casier.

    - Kasamatsu-sempai ! On rentre ensemble ?!

    Kise s'approchait, sa fausse bonne humeur contaminant la pièce, et son capitaine se conforta plus intensément dans ses « recherches ». Sans le vouloir, il mit la main sur un chewing-gum usagé échoué au fond du casier, et grimaça de dégoût en sentant la chose se coller à ses doigts. Dégueulasse !

    - Kasamatsu-sempai, tu m'écoutes ?

    Une veine palpitante se forma au niveau de la tempe du brun, qui fit de son mieux pour ne pas réagir à cette abondance de fausse joie qui venait lui titiller les oreilles.

    Cette fois, l'ancien joueur de la génération des miracles comprit que quelque chose clochait, et après avoir vérifié qu'il n'y avait plus qu'eux dans les vestiaires, bloqua le casier de son camarade.

    Sans attendre, son aîné se retourna, lentement, les yeux animés d'une colère sanglante.

    - Oi ! Kise, tu…

    Rien d'autre ne put franchir ses lèvres qu'un « hmph » indigné lorsque celles de son cadet s'y collèrent.

    Le plus âgé resta quelques instants tétanisé par la soudaineté du geste et toute la douleur qu'il lui transmettait, mais une colère sourde le gagna, et le coup parti tout seul.

    Une magnifique bosse se forma sur le crâne du mannequin qui râla tout en se frottant la tête, une grimace à l'appui.

    - Aie ! Kasamatsu-sempai, pourquoi tu m'as frappé ?

    - Tu n'en as aucune idée, abruti ?!

    Le blond fit mine de ne pas comprendre, paraissant encore plus bête qu'il ne l'était.

    - Je ne suis pas lui, OK ?! Et je ne le serai jamais.

    L'espace d'un instant, un éclat de douleur traversa les yeux dorés du mannequin, qui fit de son mieux pour garder son sourire intact.

    - Je ne vois pas de quoi tu parles, Kasam… Aie !

    Il n'avait pas eu le temps de finir sa phrase qu'un autre coup, plus fort, avait atteint son crâne exactement au même endroit que précédemment.

    - Ne joues pas au con avec moi, j'ai horreur de ça.

    - D-daccord, mais ne me frappes plus, alors !

    Pour la première fois de leur discussion, un large sourire, presque sadique, étira les lèvres du capitaine de Kaijo. Kise eut un mouvement de recul ; celui-là, il ne le sentait vraiment, mais vraiment pas.

    - Que j'arrête de te frapper, c'est ce que tu veux ?

    Le blond secoua simplement la tête, intimidé pour cette aura étrange qui entourait son camarade.

    - Alors, il va falloir que tu ailles lui avouer tes sentiments.

    La surprise fut tellement grande que, l'espace d'un instant, son masque se brisa, et Kasamatsu put constater l'ampleur de sa douleur, quelque chose de bien trop grand pour un adolescent de son age.

    Le jeune homme resta figé quelques secondes, dix, peut-être vingt, tellement que ça en agaça son sempai qui le frappa une fois de plus.

    - Files, idiot !

    Ça le tuait, de dire ça. Bordel, qu'est-ce que ça pouvait le tuer.

    Il avait été celui qui lui avait tendu la main lors de ce match, celui qui l'avait aidé à se relever alors que l'autre les avait simplement regardé, un regard méprisant à l'appui. Et pourtant, son ami n'avait été capable de dire qu'un seul mot durant des jours. Aominecchi, Aominecchi, Aominecchi, Aominecchi, Aominecchi.

    L'adolescent eut à peine conscience qu'il lui obéissait, quittant la salle avec une démarche proche de celle des morts-vivants. Il n'arrivait toujours pas à croire que son sempai, son sempai adoré, son sempai qui le regardait avec tant d'amour ( qu'il essayait tant bien que mal de dissimuler par les multiples coups qu'il lui infligeait), venait de lui ordonner d'aller le voir, lui. Aomine Daiki. Pire, il lui avait carrément fait du chantage !

    Il ne se rendait compte qu'à présent qu'il était loin d'être le seul à souffrir, dans l'histoire, son égoïsme était tellement puissant qu'il avait fait du mal à son capitaine, aussi, alors qu'il avait été tellement gentil.

    En arrivant à la sortie du lycée, le jeune homme fut surpris de constater qu'il faisait déjà presque nuit. Il n'y avait plus personne dans la cour, ni-même devant de portail, le lieu semblait être vidé de toute présence humaine.

    Sauf une.

    Quelqu'un, appuyé contre le mur extérieur du portail, les mains dans les poches, attendait. Le cœur de Kise rata un battement en reconnaissait les cheveux bleu nuit de la personne. Aomine.

    Le blond paniqua. Que faire ? Revenir sur ses pas ? Avancer ? L'ignorer ? Lui parler ? Il était totalement perdu.

    Finalement, il décida d'avancer, d'un pas pressé, il passa devant son ancien camarade, faisant de son mieux pour regarder tout droit, ainsi, il ne croiserait pas son regard.

    Au moment où il se croyait tiré d'affaire, une main puissante retint son bras. Ce simple contact l’électrifia de toutes parts.

    - Kise.

    Le jeune homme fit de son mieux pour mimer la surprise, mais son jeu d'acteur était des plus mauvais.

    - Bonjour, Aominecchi. Tu m'excuseras, là, mais je suis pressé, j'ai un shooting alors…

    C'était faux, totalement faux, mais c'était le seul mensonge plausible qu'il avait trouvé pour échapper au supplice des retrouvailles.

    - Je n'aime pas les mythos, Kise.

    L'adolescent s'arrêta net, statufié. Comment savait-il ?

    L'as de Touhou se mit à marcher, mais au bout de quelques pas,se retourna, lui signifiant qu'il fallait qu'il le suive. Le mannequin lui emboîta le pas, les jambes flagellantes.

    Ils marchaient ensembles depuis moins d'une minute quand l'ambiance pesante ajoutée à son angoisse eurent raison de lui.

    - Alors, qu'est-ce que tu racontes, Aominecchi ?

    - Pas grand-chose.

    - Toujours pas très bavard, hein ? C'est marrant, parce que moi, c'est tout le contraire ; je ne peux pas m'empêcher de parler, peu importe la situation, il faut toujours que j'ai quelque chose à dire, sinon je ne suis pas vraiment moi. Quand je ne parle pas, ma mère me demande si je suis malade, et la plupart du temps, c'est vrai ah aha ah, c'est marrant, hein ?

    - Ta gueule, Kise.

    Le blond se tut sur le champ, un peu offensé par cette froideur dont faisait preuve son ancien camarade envers lui. Il y avait trois ans encore, il ne lui aurait jamais parlé comme ça. Que leur était-il donc arrivé, à eux et à la génération des miracles ?

    Ils marchèrent un moment dans le silence, un silence insoutenable. Le copieur n'osait pas regarder son ancien équipier. Il lui semblait tellement loin, tellement inaccessible. Plus ils avançaient, plus ils approchaient de sa maison, plus l'angoisse se faisait de plus en plus forte chez le jeune homme.

    Au bout d'un quart d'heure, il craqua.

    - Tu es vraiment devenu très fort, Aominecchi, ça m'a surprit, tu sais ? Je ne m'y attendais vraiment pas. Moi qui veux absolument te battre depuis la cinquième, j'étais choqué de l'écart qu'il y a entre nous. Tu méritais ta victoire, mais je compte bien m'entraîner dur. La prochaine fois, tu as intérêt à te donner à fond, car je compte bien te mettre la raclée de ta vie !

    - C'est inutile.

    Kise était abasourdi.

    - Pardon?

    Le métisse soupira, se gratta l'arrière du crane, flegmatique.

    - Tout ça, ça ne sert à rien. Je gagnerai toujours, Kise, en one and one, sur le terrain, t'arrivera pas à me vaincre, parce-qu'au moment où tu seras à deux doigts de me dépasser, j'arriverai toujours à dépasser mes limites. Tu ne pourra jamais gagner contre moi. Mais tout ça, franchement, je m'en fout.

    - Alors, qu'est-ce qui est important pour toi, Aominecchi ?! Pourquoi t'es venu me voir, si c'est pour me balancer ça à la gueule ?

    Kise Ryota n'avait jamais été aussi furieux, comment ce mec osait-il mettre ses sentiments plus bas que terre ? Il l'admirait depuis le collège, et lui il osait dire que ça n'avait pas d'importance ?! Quel enfoiré…

    Le fait qu'il augmente la voix comme ça ne sembla pas plaire, car il le saisit durement par les épaules.

    Si je suis venu te voir, c'est parce que tu me rends fou, Kise, et ça m'énerve, tu ne peux pas savoir à quel point. Je suis dingue de toi, tu me rends dingue depuis le collége, et ça me soûle, parce-qu'à cause de ça, je fais n'importe quoi. Je t'aime, putain, de tout mon être, et c'est chiant, parce que j'y peux rien, moi. Tout le reste, de gagner ou perdre, j'en ai franchement rien à foutre.

    Kise crut à une mauvaise blague, mais ce regard… ces yeux bleu nuit qui le fixaient avec une telle intensité, ça ne pouvait pas être faux, c'était inconcevable.

    Alors les larmes coulèrent d'elles-mêmes, évacuants toutes ces années de stress et de douleur, tout ce temps durant lequel il n'aurait jamais pensé qu'une telle chose puisse lui arriver.

    Aomine l'aimait, et ça, c'était ce qu'il y avait de plus important.

    Le brun prit sa tête entre ses mains, et baisa doucement chaque recoin de son visage, effaçant ses larmes. Le mannequin le laissa faire, trop heureux.

    Ils avaient le temps, maintenant.

    Le temps de panser leurs blessures.

    Le temps de s'aimer.

    Et il lui semblait qu'il ne pourrait jamais avoir plus beau cadeau.

     

     

    Fin


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